Le 10 mai 81, c’était déjà il y a trente ans ! Cette émotion de voir s’afficher à 20h pile poil le visage de Mitterrand reste encore gravée dans ma mémoire. Je me rongeais les ongles, j’avais confiance mais on ne sait jamais. La vague rose était en marche. Pas pour très longtemps mais quand même.
Un des derniers Nouvel Obs est revenu sur ces moments historiques, en racontant les rapports de forces entre partis. Le Parti Communiste avait appelé bien évidemment à voter Mitterrand. Publiquement, car dans les coulisses il poussait à opter pour Giscard. Normal, les Communistes savaient que si la gauche gagnait, c’en était fini de leurs velléités de leadership. Position paradoxale équivalente au RPR de Chirac. Officiellement, il appelait à voter Giscard, mais en sous-main, il incitait à choisir Mitterrand. Son calcul était le suivant : le PS ne tiendra pas deux ans. En attendant, Giscard aura été éliminé. Et le RPR reprendra le leadership à droite. Machiavel sur Seine.
Certains de mes amis me demandent parfois pourquoi je ne fais pas de la politique. Eh bien, c’est pour ça. Vous adhérez à un parti ? Automatiquement vous devenez l’ennemi des autres partis, mais aussi des électeurs patentés à ces autres partis. Mais en outre, vous vous retrouvez illico presto concurrent de vos nouveaux potes au sein de votre propre parti. En fait, si je suis profondément démocrate, je hais la particratie. J’ai des amis dans tous les partis, à l’exception notable de l’extrême-droite. Mais tous les partis ont en leur sein des représentants que je ne trouve pas fréquentables. Oui, j’aimerais bien pouvoir « panacher », et voter pour des personnes en qui j’ai confiance, quelle que soit leur appartenance politique. Une dream team, je peux en avoir, pour ma commune, ma région, mon pays. L’intelligence et la vertu ne respectent pas les clivages. Et oui ça me débecte de devoir absolument choisir un parti, quitte à favoriser son leader qui ne me plait pas.
Mais bon, allez, si l’important c’est la rose, il n’en demeure pas moins qu’elle garde de fameuses épines 30 ans plus tard…