A la caisse !

Posté le 3 décembre 2009 dans Divers

Intéressant procès à charge et à décharge dans Le Nouvel Obs de la semaine dernière. Accusé, levez-vous : le Web.
Plutôt malmené par des procureurs inspirés, de gauche comme de droite, le Web se défend mal. Accusé de populisme, voire de poujadisme, mais surtout d’irrespect total du droit d’auteur, il invoque son extrême jeunesse : “Il a fallu trois siècles pour que les imprimeurs acceptent de payer les auteurs, pourquoi faudrait-il que le Web soit parfait en quinze ans d’existence ?”

Mais le vrai problème du Web, et aussi, avec lui, de pans entiers de la démocratie, c’est l’exigence de gratuité du contenu. En premier lieu par le consommateur. La nouvelle économie a fait fantasmer tout le monde il y a dix ans, à commencer par les financiers. Mais la nouvelle économie n’avait rien d’économique. Tout devait être gratuit ! OK, on payait un ordinateur, et des connexions, et aussi le petit café qu’on buvait en surfant. Mais le contenu ? Eh ! Je ne vais quand même pas payer pour ça, moi !… Quelle erreur historique et collective ! On refuse de payer la principale valeur ajoutée. Au nom de principes idéologiques, comme si le contenu, parce qu’il devenait planétaire, était devenu un patrimoine universel appartenant à tout le monde. Idiotie ! Les fabricants de tuyaux et de consoles se graissaient la patte, mais les penseurs, les diseurs, les conteurs ne percevaient rien de leur audience plus forte.

Ce contenu doit pourtant être payé par quelqu’un, sinon il s’appauvrit, il disparaît. Pire : il se normalise. Par qui ? La pub, le pouvoir. La propagande. Ou alors le peuple, qui est pour le retour de la peine de mort, pour la fermeture des frontières.
On en est là : quinze années de Web remplies d’espoir et de promesses. Mais par le fait qu’on n’a pas trouvé mieux que le gratuit, on fait en effet subir des dangers extrêmes à la démocratie : les journaux vont disparaître, des métiers aussi, des méga pouvoirs financiers vont se renforcer, les démocraties vont être mises à mal.
La solution ? Elle est évidente, et a caractérisé tous les siècles précédents : payer ce que l’on consomme. C’est tout bête, finalement.

un commentaire pour A la caisse !

  • Mitchi dit :

    Ta conclusion est imparable, cher Pierre! mes grands-parents disaient déjà: "on en a toujours pour son argent"…

    Perso, je crains en effet que la gratuité, phénomène déjà nettement observable (sans tomber dans des généralisations idiotes), ne mène à un appauvrissement des contenus.

    Mon propos ne se veut nullement élitiste, et loin de moi l’idée de réserver le monopole de l’info critique et pertinente à un groupe restreint, bien au contraire, mais il est grand temps que la valeur ajoutée réelle que confèrent l’analyse, le recul temporel, la distance critique, la vérification des sources soit rétribuée à sa juste valeur…sur la toile.

    En revanche, là où le web marque des points dans mon esprit, c’est clairement au niveau du débat d’idées (la preuve ici! ;>D), de l’élargissement et de l’immédiateté dans l’échange…

    15 ans, c’est si jeune…la synthèse de nature à nous permettre le bénéfice maximal et commun du web doit à l’évidence encore s’opérer!

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