Washington DC, 12 janvier 2007, 8 h du matin, en pleine heure de pointe, un musicien commence à jouer du violon à l’entrée de la station de métro “Enfant Plaza”. Au programme : la 2ème Partita de Bach, l’Ave Maria de Schubert, du Manuel Ponce, du Massenet, et à nouveau du Bach. Seulement 7 passants se sont réellement arrêtés pour écouter le violoniste, +/- 1.000 n’ont prêté aucune attention au récital. Celui qui a marqué le plus d’attention est un petit garçon qui devait avoir 3 ans. Il s’est arrêté mais sa mère l’a agrippé brutalement pour qu’il reprenne le pas. Et puis le musicien a rangé son violon, un Stradivarius qui valait une fortune. Une personne seulement l’a reconnu et lui a parlé. En 45 minutes, il a cependant récolté 32 dollars. “Cela me fait 40 dollars de l’heure, je pourrais vivre avec cela et surtout je n’aurais pas d’agent à payer”, a ironisé Joshua Bell.
Car le violoniste était bien Joshua Bell, un des meilleurs musiciens de la planète. Deux jours avant de jouer dans le métro, sa prestation au théâtre de Boston était “sold out” avec des prix à +/- 100 dollars la place !
C’est une histoire vraie. L’expérience a été organisée par le « Washington Post » dans le cadre d’une enquête sur la perception, les goûts et les priorités d’action des gens. Les questions étaient : dans un environnement commun, à une heure inappropriée, pouvons-nous percevoir la beauté ? Nous arrêtons-nous pour l’apprécier ? Reconnaissons-nous le talent dans un contexte inattendu ?
Une des conclusions de cette expérience pourrait être : si nous n’avons pas le temps pour nous arrêter et écouter un des meilleurs musiciens au monde, jouant pour nous gratuitement quelques-unes des plus belles partitions jamais composées, avec un violon Stradivarius valant 2 à 3 millions de dollars, à côté de combien d’autres choses passons-nous ?
Cette belle histoire m’a été communiquée par mon ami Philippe Roukens, qui propose des billets réguliers aux entreprises, pour mieux communiquer les valeurs en interne : philippe.roukens@skynet.be