Au revoir mon grand Daniel !

Posté le 12 juillet 2010 dans Divers

“Tiens, mais c’est mon petit Pierrot !”. C’est généralement comme cela qu’il m’accueillait, avec son petit sourire et son regard interrogateur, pétillant souvent, moqueur parfois. Allez, semblait-il dire, raconte-moi, quoi de neuf ? C’était comme ça à chaque fois depuis que j’ai fait sa connaissance il y a 35 ans. Nous avions fait les mêmes études, à quelques années d’intervalle. En fin de mes études, c’était déjà une référence, un contact incontournable, un gars avec qui il fallait compter. Et oui, il comptait. Daniel Carette fut pendant de longues années l’inspecteur de la Communauté française pour tout ce qui touchait à la culture et à l’éducation permanente dans notre région d’origine, le Tournaisis.
Il régnait en quelque sorte. Mais pour la cause. Une cause d’intelligence, de dialectique, de progrès. Avec sa grande carcasse, ses grands bras qui moulinaient, on se disait que plus tard il aurait des allures à la Gabin. Dire qu’il avait des velléités de parrain le faisait sourire. Il savait que ça lui correspondait, et il se moquait volontairement de lui en en rajoutant. Il Padrino voulait tout savoir sur son territoire, sur ses associations, ses conseils d’administration. je l’ai donc côtoyé pendant près de dix ans, durant mes années tournaisiennes. Lui feignait de croire qu’en bon soldat je venais “au rapport”. Mais moi je savais que je venais chercher des conseils. Des conseils toujours judicieux, respectueux, intelligents, posés. Il m’aura appris beaucoup. Des méthodes, comme l’entraînement mental et la pédagogie de projet. Des techniques, comme l’animation de réunions. Mais aussi et surtout une capacité à penser librement. Sur ce plan, oui, il aura été mon parrain.

Depuis que j’ai quitté Tournai, il y a plus de vingt ans, on ne se voyait quasi plus. Un jour, il m’a appelé. Il voulait savoir ce que je faisais. Non pas “au rapport”, mais par curiosité intellectuelle et bien amicale. Nous devions nous voir, mais les agendas perturbés ont bousculé les envies partagées. Et nous ne nous sommes plus vus.
Daniel vient de mourir. C’est con de mourir à 60 ans. Un cerveau bien fait et progressiste s’est éteint. Son regard moqueur aussi. Ses grands bras moulinants ne moulineront plus. Il ne ressemblera jamais à Gabin, quel dommage. Et je n’entendrai plus “Tiens mais c’est mon petit Pierrot”...

Allez, mon grand Daniel, je suis heureux de t’avoir connu. Mes projets sont en partie les tiens. Au revoir et merci, Parrain.

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