75 euro la minute !

Une voiture est garée. En partie sur les rails de tram. Le connard. Où est-il ? Personne ne le sait. Tous les trams sont bloqués. Et bloquent tout le monde. Mon bus aussi. Des camions dans tous les sens. Des voitures qui font péniblement demi-tour. Des passants qui se faufilent dangereusement parmi ces manœuvres. Ca dure. Des minutes et des minutes.
Dans le bus bondé, les gens cherchent à savoir ce qui se passe. D’autant plus que le bus se décide à modifier son parcours. Il bifurque. Pour se trouver à nouveau bloqué vingt mètres plus loin. Des gens qui ne connaissent pas Bruxelles paniquent, se sentant pris en otage. Ils demandent au chauffeur de les laisser partir. Please, Sir… Celui-ci les engueule. Il a l’air de mauvais poil. S’est-il disputé avec sa femme ? Ou son fils a-t-il eu un mauvais bulletin ? Ou chopé la grippe A H1N1 ?… Il semble prêt à donner un bon coup d’accélérateur et à partir à tombeau ouvert. Normal pour une veille de jour des morts. Mais il ne peut pas. Bloqué de chez bloqué. Ah s’il pouvait dire tout simplement avec son micro “Alors, les amis, je suis désolé, mais il y a un connard qui s’est mal garé et qui empêche tout le monde de passer. On va essayer par un autre chemin, et on récupérera le trajet initial dans deux ou trois arrêts… Merci pour votre compréhension.” Mais non, il ne dit rien, et ronge son frein. Bien inutile pourtant à l’instant présent.

Atteint sans doute du syndrome de Stockholm, je lui cause. Pour le calmer, mais aussi pour savoir. Et ce connard qui nous bloque, qu’est-ce qu’il risque ? 75 euro par minute et par véhicule de la Stib bloqué, me répond-il. Oh là là, l’addition va être salée. Plusieurs milliers d’euro à mon compteur. Bon à savoir pour nous tous, non, amis lecteurs ?
Je demanderais bien à la Stib une contrepartie. Parce que maintenant tout le monde va encore se foutre de ma gueule. Tu vois, les transports en commun, ça n’avance pas. Ben oui. Mais s’il n’y avait pas de bagnoles, ça irait nettement mieux !