J’ai reçu une proposition malhonnête d’une amie très proche, dont la morale ne m’a jamais paru en défaut. Il s’agit d’envoyer un livre que j’ai aimé à la première personne d’une liste de deux et d’envoyer la même proposition à six amis, lesquels enverront également un bouquin à mon amie qui sera devenue entre-temps la première d’une nouvelle liste de deux, moi étant le second. Vous suivez ? La conséquence c’est que chacun peut s’attendre à recevoir 36 livres, envoyés par les six amis des six amis. Magnifique !
Mais la mathématique est intéressante à poursuivre : à la deuxième génération, l’initiateur de la démarche est donc premier de 36 personnes. A ce moment-là, 43 personnes y ont pris part. Combien de personnes à votre avis devraient avoir pris part à cette chaîne à la dixième génération ? Le chiffre est impressionnant : 12.093.235 personnes ! Heureusement que le mail ne connaît pas les frontières. Mais on n’envoie pas encore de mail dans les autres galaxies… Dommage, parce qu’entre la treizième et la quatorzième génération, c’est l’ensemble de la planète qui aura été mis à contribution. Surtout ne rompez pas la chaîne ! dit le texte. Mais elle se rompra d’elle-même, faute de combattants.
Comme je n’ai pas de dispositions particulières pour lire en quechua ou en manjaque, j’ai décliné la proposition. Elle est d’ailleurs tout simplement illégale, parce que reposant sur l’effet boule de neige, avec une augmentation exponentielle.
L’idée d’offrir des livres qu’on a aimés reste une excellente idée. Mais que l’on ne spécule pas : on offre chacun un bouquin et on en reçoit un. Les bons comptes font les bons amis.