Je viens de recevoir une vidéo horrible. Dans un pays asiatique à l’évidence musulman, un homme est emmené de force, dans un stade, par deux hommes qui l’immobilisent à côté du bourreau qui brandit son sabre. Un gros plan montre le pénis du condamné, sur le billot. L’homme se débat, mais le couperet tombe. Et son pénis est sectionné, net. Il hurle. Et une femme, qui devait, suppose le spectateur, être sa compagne, blêmit, et ferme les yeux. C’est horrible en effet. Ça fait mal où ça se passe rien qu’en regardant, croyez-moi !
J’avais déjà reçu cette vidéo, il y a deux ans. Et j’étais sûr à l’époque qu’il s’agissait d’un faux. Je maintiens. J’avais écrit un billet à ce moment-là. Je le réédite aujourd’hui. Cette vidéo est fausse et est une grossière manipulation.
En effet, si l’on regarde la vidéo, on constate que :
- La vidéo est montée comme un film et non comme une vidéo amateur. Les plans larges, mal pris, alternent avec les gros plans, lesquels sont mieux cadrés et plus stables. On peut supposer que les images larges sont réelles, et prises à la sauvette avec un téléphone portable. Tandis que les images du pénis, comme celles du gros plan de la femme, n’ont peut-être pas été prises au même moment.
- Si l’on regarde le tumulte juste avant que le bourreau ne laisse tomber son sabre, on voit le supplicié faire un mouvement en arrière. Or, son pénis n’est pas attaché… Je doute qu’en de tels moments, un homme normalement constitué puisse connaître une érection digne de ce nom. Même si tout porte à croire que c’est la dernière… Il y a donc beaucoup de chances (ce qu’on lui souhaite au malheureux) que le pénis n’ait pu que suivre ce mouvement en arrière.
- En regardant au ralenti le moment où le pénis est coupé, celui-ci semble pourtant en demi érection. En tout cas, il est plus gros qu’au moment où il a été posé sur le billot quelques secondes plus tôt. Bizarre, non ? Moi, dans un moment pareil, je me ferais tout petit…
- Autre question pour ce moment fatidique : où se trouve la caméra qui prend les gros plans ? On ne la voit pas dans les plans larges. De deux choses l’une : soit c’est réel, et alors il y a peu de probabilités qu’ils aient installé une équipe de tournage avec plusieurs caméras. On ne peut dès lors pas expliquer l’absence de caméra à proximité. Soit les images en plan large sont réelles, et tous les gros plans ont été rajoutés, ce que je crois.
- Si je reconnais que je n’ai jamais de ma vie vu un pénis coupé en deux – et à la réflexion ça ne me manque pas -, je ne suis pas sûr que l’on ait entre nos jambes un tuyau aussi parfait. Là, ça a plutôt l’air d’un tuyau d’arrosage. Si je crois que la première image de pénis est vraie – c’est un vrai pénis -, je crois que la deuxième est fausse. Au-delà de la taille, ils me semblent différents côté gland.
- Le gros plan de la femme, avec son clignement de l’oeil à la fin, est trop professionnel, et suppose une maîtrise de la caméra. C’est scénarisé. Il rajoute au pathos. La douleur physique qui se ressent jusque dans l’émotion de la compagne. C’est trop bien écrit pour que ce soit vrai.
- Enfin, la signature du film “Snuff X Com” est suffisante pour croire en la supercherie. Les “snuff movies” sont des films très courts qui montrent des scènes de torture, de mutilation et de viols, qu’ils prétendent réelles mais qui, heureusement, ne le sont pas toujours. S’appeler “Snuff X Com” démontre en tout cas que les “producteurs” ou distributeurs de cette vidéo ne sont pas inspirés par la diffusion d’informations qui montrent la réalité, mais bien par un plaisir morbide et sadique dont ils maîtrisent relativement bien les effets pervers. Et notamment l’amalgame que les spectateurs vont en tirer entre barbarie et Islam.
Il existe de plus en plus d’images qui circulent sur le net pour créer de tels amalgames. Le mail que j’ai reçu du Québec en m’adressant la vidéo parle de barbares. La réalité, dans certains pays, est suffisamment horrible pour qu’on en rajoute. A la limite, en inventant de nouvelles et fausses formes de tortures, on dessert assurément la cause des droits de l’homme. Il faut lutter, c’est sûr, contre toute forme d’intégrisme et d’atteinte aux droits de l’Homme. Mais la vérité et la lumière restent les meilleures armes contre la désinformation et l’obscurantisme.