Pêché sur le site de La Libre ce jeudi : “Herman Van Rompuy, tout amateur de haïkus qu’il soit, apprécie aussi les nouveaux moyens de communications.” L’auteur de cette bête phrase croyait ainsi introduire subtilement le fait que le président européen avait annoncé la révision du Traité de Lisbonne sur son compte Twitter. Franchement, qu’il ne s’imagine surtout pas briller par un esprit des plus pertinents. Cette phrase est tout simplement conne. Déclinons-la dans d’autres domaines :
- Il a beau porter des caleçons à rayures, il n’en reste pas moins adepte du scrabble.
- Même si elle n’avait aucun diplôme, Jeanine s’évertuait à porter une queue de cheval.
- Le chien semblait crever de faim, mais le plombier refusait d’installer un jacuzzi.
- Le train de la Sncb avait du retard, d’accord, ce qui n’empêchait quand même pas mon anniversaire de tomber un vendredi cette année.
On pourrait continuer à l’infini. Cette phrase est stupide, pourtant il neige dehors. Mais ce qui est pire avec cette intro à la con, c’est qu’elle dénote d’une inculture totale du journaliste. OK, l’invention des haikus remonte au 17ème siècle. Mais leur arrivée dans le monde occidental est relativement récente. Leur mode encore plus. Il n’a jamais été dit que les amateurs de haikus devaient absolument ressembler à des Mormons du dix-neuvième siècle, écrivant à la plume d’oie sous la lueur blafarde d’une bougie artisanale. En outre, il ne faut plus être un extraterrestre pour communiquer via Twitter. Tous les politiques le font !
Si on n’est pas capable d’écrire normalement sans tomber en pâmoison face au dernier cri des technologies que représenterait un fax, on n’écrit plus. On est dépassé et on la ferme. Vous savez quoi ? Je suis super moderne : j’ai un rasoir électrique, une machine à expresso, un lave-vaisselle et j’ai écrit ce billet avec ma machine à écrire préférée !