Hubert Reeves et le spectre de la destruction

Posté le 7 février 2009 dans Divers

Trouvé en intro du film La Belle Histoire, de Claude Lelouch, cette magnifique et pertinente réflexion d’Hubert Reeves sur l’état de la planète :

“A priori je refuse toujours de faire des prédictions sur l’avenir. Et cela est basé sur le simple fait que dès qu’on entre dans les phénomènes humains, il est impossible de prévoir l’avenir. Parce que le seul fait de faire des prédictions influence ce que nous allons faire. Ce n’est pas du tout ce qui se passe en sciences. En sciences, vous pouvez prévoir qu’un électron va faire ceci ou cela ; il ne le sait pas, lui. Il va faire ce qu’il a à faire.
Mais le seul fait que l’on prenne conscience de cela va influencer ce futur. Et toute la question est de savoir s’il va l’influencer suffisamment pour renverser ce spectre de la destruction. Alors là, on entre dans la question de savoir si on est optimiste ou pessimiste. Moi je suis volontairement optimiste. On ne peut que vouloir être optimiste. Parce que si on est pessimiste, c’est foutu.

Si on décide que malgré tout on va faire quelque chose, alors il y a la possibilité que ça se passe bien, et que l’humanité soit encore présente dans quelques siècles ou quelques milliers d’années, et que l’on dise que voilà nous avons eu cette crise à passer, et que nous l’avons bien passée.

Il y a des gens qui disent qu’ils ont confiance dans l’espèce humaine. C’est très dangereux de dire des choses comme ça. D’abord, l’espèce humaine n’a jamais rencontré de problèmes comme ceux que nous rencontrons aujourd’hui. Des gens disent que l’espèce humaine a toujours résolu ses problèmes. C’est faux ! Je crois que nous sommes notablement mauvais à résoudre nos problèmes. La preuve c’est que face à des problèmes aussi simples que ceux de la guerre, du racisme, de l’oppression, on est lamentable ! Regardez les quelques derniers milliers d’années, regardez ce qu’est l’histoire des Hommes, et après ça, vous ne pourrez plus dire que les Hommes ont bien résolu leurs problèmes… Il n’y a pas un pays qui n’ait des histoires lamentables à nous raconter, d’oppression, de racisme, de carnage et tout ce que vous voulez. Je crois qu’on est notablement mauvais comparés à n’importe quelle espèce animale.
On est particulièrement mal adaptés. Nous n’arrivons pas à vivre avec notre entourage d’une façon harmonieuse, ce que la plupart des animaux font très bien.
Mais là, maintenant, nous sommes appelés à nous dépasser. Peut-être pour la première fois vraiment nous allons être obligés de nous dépasser. Parce que nous y sommes acculés. Ce sera ça, ou rien.”

Le film de Lelouch date de 92. Il y a 17 ans. Qu’avons-nous fait depuis, si ce n’est commencer à vendre des voitures en prétendant que c’est une manière de sauver la planète ? En 92, nous étions acculés. Aujourd’hui, nous sommes acculés et demi.

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