La manif anti-avortement de ce week-end intrigue. On croyait la messe dite (pardon, Monseigneur Léonard…) et on découvre dans Bruxelles des slogans d’une autre époque, brandis parfois par des jeunes à la gueule sympa, qu’on croirait plutôt “de l’autre bord”. Le débat n’est pas simple. Il faudrait rappeler, face aux cris gueulés des deux côtés, que personne, d’un camp ou de l’autre, ne peut croire que l’avortement est un acte futile, aussi léger que d’enfiler un préservatif. C’est au contraire une décision douloureuse, moralement comme physiquement. Si la société doit légitimement légiférer à ce sujet – en premier lieu pour lutter contre les ravages des avortements clandestins -, rien ne sert d’agir avec simplisme et haine.
Or, la photo avec laquelle Métro illustre son article à ce sujet ce lundi matin, me choque. Bien sûr, je saisis la volonté de faire de l’humour, quand un manifestant “pro” (mon camp) affuble un calicot qui dit “L’avortement ne devrait-il pas être obligatoire chez les fachos ???”. Mais bon, c’est limite, non ?
D’une part, on est loin de la profession de foi en faveur de la liberté d’expression attribuée à Voltaire « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire ». D’autre part, et c’est pire, on donne une vertu d’exécution capitale à l’avortement, argument principal des anti, dans un contexte pour le moins dictatorial, avec cet “obligatoire” qui fait froid dans le dos et qui est totalement facho. Entendons-nous : acceptons “qu’en face” il y ait des gens qui ne soient ni fachos ni partisans d’un pouvoir fort qui exécute ceux qui ne le soutiennent pas. Tout le monde, et heureusement, n’est pas Pinochet ou Hitler.
Quand on utilise l’humour en communication, on ne fait pas de l’humour, on fait de la communication. Il faut s’en souvenir lorsque l’on peint ses banderoles.
un commentaire pour L’humour à bon escient
Cher Pierre,
Comme tu es passé de la LB au Soir ( ce que je ne comprends vraiment pas ! ) tu n’auras pas remarqué une coîncidence : Eric de Beuckelaer, porte parole de la Conférence des évêques cite également la phrase de Voltaire ( Je ne suis pas d’accord..) dans son interview sur le sujet de l’avortement.
Comme quoi les grands esprits se rencontrent..!
J’adore ton blog !
Amitiés,
Philippe