Woufff ! Je viens de terminer L’Obsédé, de John Fowles. Je ne parvenais pas à m’en détacher. Passé la dernière page, le regard reste suspendu. De rage, de sentiment d’injustice, de désespoir. Et si c’était vrai ?
Ce roman de 1963, réédité par les Editions Points, est terriblement moderne. Tragiquement moderne. Et terriblement vrai. Du moins potentiellement. On ne pense pas qu’à Lolita de Nabokov, mais surtout à l’horrible Dutroux et à cette Autrichienne, Natascha Kampusch, qui a réussi à s’échapper des griffes de son geôlier.
L’auteur nous plonge dans deux vérités : celle du ravisseur et celle de la kidnappée. La force physique, comme la maladie mentale, est d’un côté ; la force morale de l’autre. L’intelligence aussi. Avec l’espoir, qui nous tenaille durant 324 pages, que celles-ci auront raison de celles-là. La vérité du premier, pervers absolu, fait froid dans le dos. Aucun voyeurisme pourtant n’est assouvi, dans une description où la pudeur jure étrangement avec l’horreur quotidienne de ce rapport de forces.
Des pervers, il n’y en a malheureusement pas que dans les romans. A lire et à faire lire.