Vous êtes invité au cinquantième anniversaire de votre école. Une école que vous avez quittée il y a 30 ans. C’est chouette, non ? Du coup, vous prévenez les copains. Eh les gars, on se retrouve le 24, d’ac ? Et vous réservez. Deux mois à l’avance. Le site web vous confirme que tout est OK. Génial.
Le soir même, tout content et plutôt bien fringué, vous vous présentez au Concert Noble, sûr de pouvoir emprunter le couloir de ceux qui ont réservé. Enjoué, vous énoncez votre nom aux jeunes gars, des étudiants, qui sont chargés de vous accueillir sur le tapis rouge. Mais votre nom ne figure pas sur la liste. Bon, vous vous dites que ce n’est pas grave, on est entre nous. Depuis ces trente ans, vous avez recruté une dizaine d’anciens étudiants, vous y avez effectué des prestations gratis, vous avez fait partie de jury, etc. Mais non, le listing a plus de raisons que la raison. Vous insistez un peu, déjà mal à l’aise de quémander. Allez, appelez Benoît Meurens, que je connais bien. Mais non, vous répond-on, Monsieur Meurens a demandé qu’on ne le dérange plus. Faut le comprendre : il n’y a que des problèmes à l’entrée. Ah. Vous insistez encore, en imaginant que non, ça n’est pas possible qu’on vous refoule. Mais si, c’est possible.
Cette histoire n’est pas celle du cinquantième anniversaire d’une école de plomberie ou de pneus en caoutchouc. C’est d’une école de communication qu’il s’agit. L’Ihecs. Une école même pas capable de former au Web, pas plus qu’au respect. Une école qui forme, entre autres, aux relations publiques. Ah.
J’ai fait le chemin dans l’autre sens. Le banni, le refoulé. La honte. Et maintenant la haine.
7 commentaires pour La honte, la haine
Scandaleux, rien à ajouter !
J’y suis pas allé et aujourd’hui… je m’en félicite ! Enorme d’arriver à penser ça !
Hélas, cinquante fois hélas…
J’étais au courant depuis des semaines pour cet événement et j’ai également décidé de ne pas y aller.
Outre le fait que je ne raffole pas de ce genre d’événements parce que je dois m’en taper un certain nombre pour le boulot; la vérité est la suivante: je ne retrouve pas l’IHECS trépidant, créatif, bouillonnant que j’ai connu dans cet anniversaire "fusion-dj set-cocktail-d’agence-de-pub-un-peu-branché".
Les anciens de l’IHECS? Une petite nomenclatura de 50 ou 100 personnes, leurs copains, et les copains des copains. En majorité des fils de pubs.
L’IHECS c’était, et c’est surement encore, autre chose de plus complexe et diversifié.
J’envie sincèrement tous les recalés de cet événement qui ont pu se retrouver au café du coin et taper la conversation en buvant un verre ou deux, façon vieille école. Je suis désolé pour tous ceux qui sont rentrés chez eux frustré et penaud.
De mon temps on disait "l’IHECS est un grand lit". Pour être invité, et pouvoir sans doute entrer la prochaine fois, vous savez ce qu’il reste à faire…
Certains étaient invités depuis des semaines. Les uns ont choisi d’y aller, les autres de rester chez eux.
Mais d’aucuns ont simplement été oubliés. Pas le moindre courrier pour signaler l’événement auquel les diplômés pouvient espérer y être, au moins, conviés. Même s’ils ne font pas partie de la nomenclatura.
Pour un institut de communication… "Les cordonniers …".
Et si, de surcroît, il y a des couacs dans l’organisation, c’est la cerise sur le gâteau … d’anniversaire.
J’ai quitté l’Ihecs en 1980. Je n’ai pas eu l’honneur d’une invitation, et n’ai donc pas eu à vivre l’horreur de la situation. J’ai visionné les photos sur le site, et je ne reconnais pas l’Ihecs. OUF !
A bientôt pour de vraies retrouvailles.
Salut, les anciens ! Moi aussi, je n’étais pas là, au "Concert Noble"… Trop indépendant pour accepter de faire de la figuration à la séance acédémique, et trop vieux pour pouvoir faire le fou à la soirée dansante. Mais à quoi bon "la haine", même au sens "caillera", Pierre ? Si tu étais explicitement invité, comme tu dis, et qu’on ne t’a pas laissé entrer, c’est odieux. Mais est-ce que tu avais averti à temps que tu viendrais ? Si oui, c’est insupportable en effet, mais tu connais la maison : le patron charge un professionnel de tout mettre en branle, et puis vogue la galère… Si tu dois engueuler quelqu’un, je ne crois pas que c’est la maison, mais le fournisseur… Et puis tout change… le site de Ramegnies-Chin est devenu un garage, la Fucam devenue les Fucam s’est alliée à une autre Haute Ecole, et le site de Bruxelles, dont l’asbl est propriétaire, vient de se construire un immense bâtiment à auditoires multiples nommé "le bord de verre", qui ne manque pas de prestige. C’est vrai que tout ça fait très pub, mais enfin, ce sont nos successeurs, ils se sont adaptés comme ils ont pu à un monde changeant qui, en plus, est en crise ! Faut pas taper dessus. C’est jamais bon quand les anciens critiquent les nouveaux : ça fait vieux con. – Ce qui me fait rire dans l’histoire (rire, en plus de compatir, naturellement), c’est "Monsieur Benoit Meurens…" Lui a appris son métier chez nous, ça se voit. – Que personne ne prenne mal ce que je dis. J’ai démissionné de toutes mes charges à l’Ihecs et suis désormais libre comme le vent : croyez-moi, c’est bien agréable.
Réponse à Freddy :
Je reconnais que le mot "haine" est démesuré. J’ai écrit ce billet en rentrant, fâché, extrêmement fâché, et après avoir été boire quelques verres chez des amis, à défaut de les avoir partagés avec des ex-Ihecsiens. Le billet suivant, écrit le lendemain, cherchait d’ailleurs à tempérer l’excès du titre.
Je ne suis pas d’un naturel rancunier. Et ma mauvaise humeur est passée depuis longtemps. Mais le sentiment du ridicule m’atteint encore, d’avoir été là refusé, refoulé. Alors que oui j’avais réservé, et oui j’en avais eu confirmation.
Mais bon, c’est passé. Le piquant reste que si l’on apprend la nécessité du feedback à l’Ihecs, je n’en ai jamais eu de la part des organisateurs. Ils ne sont évidemment pas tenus de lire ce blog, qu’ils ne connaissent sans doute pas. Mais j’ai relaté mon expérience sur le groupe facebook des anciens de l’Ihecs.
D’accord pour ne pas jouer au vieux con. Et aussi pour accepter que les choses puissent se passer autrement. J’avais beaucoup rigolé il y a dix ans de ces anciens qui n’avaient pas voulu mettre les pieds à l’événement des 40 ans, parce que la tenue de soirée y était demandée. Se quitter en sabots, jeans et chemises grand-père pour se retrouver en smoking noeud-pap vingt ans plus tard… n’était-ce pas faire honneur à notre diplôme "d’arts du spectacle et techniques de diffusion" ?
Mais bon, j’estime en même temps que les circonstances que j’ai connues pour ces 50 ans étaient pour le moins peu professionnelles. La honte donc oui. La haine ? C’était l’émotion du moment, les retombées du ridicule.
Il me reste dix ans pour savoir si j’irai au soixantième.