La vie est moche

Posté le 17 mars 2008 dans Divers

J’ai déjà parlé ici de ma boulangère Joëlle et de son commerce super bien nommé “La vie est belle“.
Etait-ce trop beau pour être vrai ? La Vie est belle est fermée pour l’instant. Sur ordre de police. Pour de vagues questions administratives, qui n’ont rien à voir avec l’hygiène, la sécurité, le fisc ou la sécurité sociale. Je laisse à Joëlle le soin d’expliquer l’inexplicable. En espérant que ces disciples de Kafka et de Brazil se calment vite. Pour que la vie de Joëlle et de ses clients satisfaits redevienne belle comme il se doit.
Voici le mot affiché par Joëlle sur sa vitrine.

Chers vous,
Ce n’est pas dimanche et je ne dors pas.
Mais je n’aurai pas le plaisir pour le moment de vous accueillir.
En effet, comme vous le savez peut-être, j’ai repris “Tartines” et ouvert “La vie est belle” au mois d’octobre dernier. En toute bonne foi, je pensais avoir rempli toutes les formalités nécessaires pour pouvoir ouvrir et travailler.
Jeudi, vers 15h, la porte a été poussée par une douzaine de personnes en uniforme qui sont entrées au pas de charge, sans explication autre que “contrôle”, sans me présenter de document.
J’étais pétrifié. Ces personnes couraient dans le magasin, ouvraient les portes, descendaient à la cave…
Je parle de mon vécu; l’atmosphère étaient pesante et j’avais peur… une peur que je ressentais pour la première fois… Clouée derrière le comptoir, je ne comprenais pas… La seule chose que je ressentais était l’écrasement; j’étais minuscule face à des colosses qui m’écrasaient. “Si vous avez peur, c’est que vous avez bien quelque chose à vous reprocher, Madame!” est la seule réponse à laquelle j’ai eu droit.
J’avais peur, si peur que j’ai téléphoné à mon ex-compagnon, avocat, car je ne comprenais rien, ni ne savais quoi faire.
On m’a demandé de m’asseoir et de présenter ma carte d’identité. On m’a fait signer un papier reprenant mon numéro de tva, mon jour de fermeture, adresse, caisse d’assurance sociale. Papier dont je n’ai pas reçu copie.
Le commissaire m’a dit que je devais fermer “La vie est belle” et me présenter à la commune le lendemain matin.
Je ne parviens à obtenir de personne une réponse sur pourquoi je dois fermer mon magasin. Pas un papier ne m’a été remis. Rien ne me reste de ce passage qui, s’il ne fût pas violent physiquement, le fût émotionnellement. Pratiquement rien sinon ma peur, mon incompréhension et l’impression d’avoir été moralement “violentée”.
Le lendemain comme il nous l’a été demandé, mon conseil s’est présenté à la maison communale où lui ont été précisées les formalités à effectuer, sans injonction immédiate de fermeture.
Dans l’heure qui a suivi, un appel téléphonique du commissaire, alors que je travaillais, m’a donné l’ordre au titre de l’article 60 de fermer dans la demi-heure, sous peine de revenir avec un car de police…
Nous vivons en démocratie, dans un état de droit et pourtant j’ai le sentiment d’être ramenée dans le passé…
Je suis Joëlle Levy, citoyenne belge, je travaille seule et honnêtement 80 heures par semaine pour nous nourrir, mon fils et moi. Je suis à jour de tous mes impôts, taxes, charges…
“La vie est belle” va ré-ouvrir ! Je vous vous embrasse tous très beaucoup et à très vite
Joëlle Levy
0497 64 41 48

un commentaire pour La vie est moche

  • Manager-Farmer of myself dit :

    Je le savais qu’un jour le "Guilbert sans L du Mont Saint" me ferait réagir à bloc avec son blog. Le plus agaçant, c’est qu’il le savait aussi ce bougre de formateur déformaté fort matheux maté au thé fort !

    Est-ce d’avoir vu un jour un curateur, flanqué de son scribe et d’un huissier investir manu-militari le magasin de mon ex-compagne et fermer à jamais le volet et la porte (elle ne s’en est jamais remise…) que je me sens tellement solidaire de l’angoisse de cette brave Joëlle, la boulangère pétrie de bonté dans le pétrin ?
    Mais quel est donc ce monde de brutes qui se satisfait à broyer du noir en voyant la mine moulue comme la farine blanche de cette contribuable contributive au bien commun ?

    Dans ce pays, la "libre entreprise" est la façon la plus facile d’entreprendre librement à se faire agresser par l’administraaaaation, gansée dans une guêpière de règles sournoises et stupides dont ne sortent que les rondeurs vulgaires d’un zèle imbécile.
    Enfin, pas tout à fait. Dans le nord de cette belgitude désuète, de zelfde admistratiiiiiiiiiiiiiiie a bien begrepen dat qu’on n’emmerde pas te veel les gens dans le but de ramener le fric au fédéral. Parmi les fonctionnaires "nordiques" on n’a pas non plus le même complexe vis à vis de ces "crevés indépendants qui gagnent du fric comme des cochons"…

    Mais au fait, cette boulangerie n’est-elle pas dans une région qui souffre tant d’un déficit économique ? Est-ce donc la réponse adaptée que de terrifier les gens qui travaillent de bonne foi, même s’ils n’ont pas le code civil sur leur table de chevet ?

    Mon intervention est aussi de dire que dans cette région du pays, l’agression administrative est le quotidien de tous ceux qui contribuent fil par fil et modestement au tissu économique.
    Ne soyez pas en retard d’une seule petite minute dans le versement de la TVA, au risque de payer des intérêts d’usurier. Et attendez patiemment 3 mois ou plus lorsque cette institution vous est redevable … quand elle ne vous reporte pas sine die d’un trimestre…
    Qui n’a pas été face à ce crétin de l’urbanisme, du registre du commerce, de Sécurex Intégrity ou ailleurs, qui vous nargue en distillant l’information, vous laissant parcourir le jeu de l’oie, méandre rempli de "Mais il faut d’abord le 242358 avant d’avoir le 984562 que vous devrez remplir pour obtenir le 45789" … alors que votre but, tout simple, banal à se les prendre et se les mordre, est de créer au plus vite une "bête" société, le plus "bièce" des bâtiments, simple site de production dans une zone qu’on déclare pourtant d’activité ?

    Ce que j’appelle des "freins administratifs à l’activité", je pourrais vous en citer au moins 20.
    Elio, Rudy, Joëlle, Didier et le Charles de la capitale devraient un jour comprendre que si le plan Marshall … le vrai, par cet artéfact insipide et sans réelle envergure … avait du souffrir des arcanes politico-administrativo-communautaires que nous connaissons ici, on construirait toujours le mur de Berlin avec les pierres des ruines de Dresden… (M’enfin, mais non pas toi, Pierre … les blogs … heu les blocs de pierres de celles qu’on ne fait plus les églises).
    L’administration doit être au service des entrepreneurs, les aider dans leur tâche. De là viendra une solidarité qui contribuera, j’en suis certain, à une fierté wallonne ou francophone que nous méritons. Bon sang !

    Et bien voilà, mon cerveau reptilien a succombé d’empathie envers cette Joëlle qui Levy tous les jours ce combat de la reconnaissance de soi.
    Et si la vie est souvent une tartine de m…., moi je suis convaincu que le pain dont elle est faite est le froment de ta générosité.

    Bien à toi Joëlle et ton petit chou … de Bruxelles

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