Le devoir d’informer

Posté le 8 mai 2017 dans Divers

Connaissez-vous un seul journaliste qui, a priori et la main sur le coeur, accepterait de dire que son rôle n’est pas d’informer ? Que du contraire. Ce devoir d’informer est dans les gênes des journalistes et des journaux, un devoir et un droit d’ailleurs qui sont tous deux inaliénables, en lien direct avec l’indépendance des rédactions.

Un journaliste découvre une information qui intéresse ses lecteurs ? Il s’empresse de la dévoiler. C’est là son rôle. Et il a intérêt à le faire avant ses concurrents.
Sauf, à l’évidence, certains jours par an. Les soirs d’élection en France par exemple. Et là, alors, c’est une comédie incroyable, où ils se mettent même à mentir.

Encore cette fois-ci, en plein 21ème siècle et alors que tous les journaux du monde s’en donnaient à coeur joie d’annoncer l’élection de Macron dès 17h30, les journalistes bien français taisaient cette info capitale pour leurs concitoyens. Certains insinuaient même à 19h48 que Marine Le Pen découvrirait 12 minutes plus tard si elle était élue. La belle blague. La belle connerie. Elle avait la certitude depuis au moins deux heures que la porte de l’Elysée venait de lui claquer au nez. Et ça n’était plus une hypothèse, comme celle qui circulait depuis plusieurs jours, mais bien une information d’une clarté incontournable.

Il y a une règle en France qui stipule que les journaux ne peuvent plus donner d’indications ni sur les sondages ni sur les résultats entre le vendredi midi et le dimanche 20h. Cette règle doit dater de l’époque du Général de Gaulle. Une époque où il y avait encore un ministre de l’Information, et où l’Elysée donnait ses consignes aux rédacteurs en chef du JT de l’ORTF. Une époque aussi où seules quelques radios et télévisions étaient concernées par cette règle antidéontologique.
Je me souviens qu’en 1995, la radio de la RTBF avait annoncé l’élection de Chirac vers 18h30. Mais à l’époque, on ne pouvait rien faire de cette info, si ce n’est téléphoner un à un à nos amis français.

Aujourd’hui, en 2017, le monde des médias a bien changé. L’info est instantanée partout. Et tout organe de presse, qu’il soit quotidien ou hebdomadaire, écrit ou audiovisuel, a un site Web qu’il est supposé actualiser en temps réel. Ces sites sont accessibles de partout même si l’information vient d’ailleurs.
Et celle-ci est relayée, buzzée, dans l’instant par le biais des réseaux sociaux.
Aujourd’hui surtout, en 2017, l’idée que l’autorité publique ait quoi que ce soit à dire aux rédactions est parfaitement incongrue. Au nom de la liberté de la presse, aucun ministre de je ne sais quoi ne s’autoriserait, par exemple, à demander à un journal satirique de modérer ses propos.

Dès lors, que cette régle qui date de de Gaulle soit encore respectée me semble tout simplement irréaliste. Contraire au métier de journaliste, à l’intérêt des journaux et au respect des Français. Je ne comprends pas qu’elle ne soit pas tout simplement bafouée. Totalement. Et dès les prochaines élections.
Allez-y, messieurs dames les journalistes français ! Arrêtez cette comédie jouée avec les gens du pouvoir les jours où la démocratie est a priori en fête. Remplissez votre devoir : informez !

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