Bien sûr, chacun est libre de vendre son bien. Madame Bertieaux est propriétaire d’un immeuble à l’avenue de Tervueren et veut le vendre. Personne n’a le droit de s’y opposer.
Bien sûr, la loi impose de demander un permis de bâtir aux propriétaires d’un immeuble pour le rénover ou transformer. Si ces prescriptions sont respectées, il n’y a aucune raison d’aller contre la loi. Ni contre le propriétaire.
Mais…
L’immeuble que Madame Bertieaux s’apprête à vendre est d’un style remarquable. Un joyau, comme le dit La Libre. Même s’il n’est pas classé, responsabilité non pas des citoyens mais des politiques (*), il fait partie intégrante de notre patrimoine à tous. Qui plus est dans une avenue prestigieuse qui a déjà été fameusement défigurée par des immeubles de cette laideur sans pareille si caractéristique des années 60 et 70. Un type de construction qui a permis de créer le nom de « bruxellisation », lequel restera à jamais une honte qu’aura autorisée la génération d’hommes et femmes politiques qui vous a précédés.
Les candidats propriétaires de l’immeuble de Madame Bertieaux, si l’on en croit La Libre, ont le projet de démolir ce bâtiment, pour y construire un nouvel immeuble d’appartements de luxe. Et Madame Bertieaux, à l’évidence, le sait.
La réaction dont je vous fais part ici n’est donc pas juridique, mais bien politique et, oui oui, morale.
Je crois en effet qu’il est impératif que vous vous désolidarisiez totalement et publiquement de cette élue qui vous représente : présidente du CPAS d’Etterbeek, députée bruxelloise et cheffe
de votre groupe à la Communauté française, ce qui n’est pas rien en regard du patrimoine. Vous ne pouvez garder en votre sein – et comme porte-parole pour les questions de culture ! – une personne qui, à ce point et en toute connaissance de cause, relance une bruxellisation que plus personne ne veut connaître. Sans ce désaveu, votre parti cautionnerait aux yeux de tous un mépris pour une vision de la ville qui fait aujourd’hui l’unanimité auprès de toute personne soucieuse de la qualité de la vie et du bien commun. Vous discréditeriez alors tous vos projets urbains futurs. A tout jamais, il serait clair que le MR est un parti qui vise davantage l’enrichissement personnel aux dépens de l’intérêt collectif et de notre devoir à l’égard des générations futures.
A lire vos positions, je crois qu’il n’en est rien. Mais la parole a besoin de concret. Et les déclarations de symboles. Ce cas-ci en est un.
Faites-nous donc savoir si cette destruction supplémentaire d’une partie de notre patrimoine architectural est le fait d’une personne isolée ou s’il peut et doit être assimilé à votre mouvement.
Je vous en remercie.
Pierre Guilbert,
citoyen bruxellois sidéré
(*) Très très sincèrement, on peut se demander comment il se fait qu’un tel bâtiment ne soit pas classé.