Déjà que ça n’est pas agréable d’accueillir des collaborateurs parisiens qui, dès les premiers pas à la Gare du Midi, se font piquer leur ordinateur portable. On a un peu honte quand même. Et on est désolé à la place des connards qui ont commis ce délit avec une technique expérimentée, mot sympa de l’un pendant que l’autre vous dépouille.
Alors on tente d’édulcorer quelque peu le désagrément en les accompagnant au commissariat de police. Au ? Non, aux. Avec un x. On a dû en faire quatre. Le premier était débordé, que voulez-vous mon cher monsieur, y a trop de délits. Le second était fermé. Il y avait bien des gens à l’intérieur, mais personne pour répondre aux coups de sonnette. On s’imagine alors en train de crever la gueule ouverte sous les yeux du fonctionnaire de police en train de ranger ses papiers parce que ça ferme… Le troisième ? Là, c’est trop comique. On entre dans le vestibule. Surchauffé, oui, oui, le chauffage fonctionnait. Sur la vitre du guichet, presque en train de se décomposer comme dans un sauna, un A4 affiche un grand “Patientez”. Mais sur une porte sur le côté, un “Accueil” semble contredire cette consigne. Doit-on attendre ou franchir la porte ? Je tente d’ouvrir. Fermé. Je toque. Pas de réponse. Pas de sonnette. Pas d’annonce, à part des tas d’affiches pour dire que la police est là en cas de vol, de viol, de dépression nerveuse, d’homophobie, de car-jacking, de corruption, d’état de connerie avancé. Mais aucune affiche ne dit ce qu’il faut faire pour être mis en contact avec un gardien de la paix. Je téléphone au 101. Le gus qui me répond a du mal à comprendre pourquoi je l’appelle d’un commissariat de police… Suis-je en danger ?… Il est bien obligé de reconnaître que ça n’est pas normal, mais ne peut rien me conseiller. Mes visiteurs parisiens rigolent un peu. Non seulement on n’a pas de gouvernement, mais en outre plus de police !
On a finalement été à l’Amigo, commissariat du centre-ville toujours ouvert. Mes visiteurs parisiens auront eu le loisir de découvrir les sous-sols du métro bruxellois et les halls de commissariat. Chouette découverte touristique. Ils reviendront ! Et au moins, s’ils ne trouvent pas à loger, ils savent qu’ils peuvent dormir dans le vestibule surchauffé du commissariat de l’avenue Fonsny.