J’ai été invité à rejoindre un groupe sur facebook qui s’intitule “1 membre dans ce groupe = 1 € pour la recherche contre le Sida”. Ah. Comment cela fonctionne-t-il ? Faut-il payer un euro pour rejoindre le groupe ? Et comment faut-il payer ? Je regarde. Et découvre l’immensité de la bêtise du créateur du groupe. Ainsi que l’inquiétante suffisance de ce qu’est devenu, aux yeux des 23.990 membres de ce groupe, l’engagement citoyen. Je m’explique.
Le propos est simplement le suivant : venez nous rejoindre, et si on est assez nombreux, je m’engage à demander à facebook de bien vouloir financer la recherche contre le sida. Idiot ! Mais le propos est fallacieux ! Venez me rejoindre, et alors j’irai demander à mon voisin de payer… Peut-être, on ne sait jamais, il acceptera.
Stupide.
Que mon voisin, qui lit régulièrement mes billets, soit rassuré : je ne viendrai jamais chez lui faire ce type de quête. Même s’il est plus riche que facebook. Eh oui, mon ami. Facebook est en perte de 50 millions de dollars. Pas moins. Facebook ne vit que de levées de fonds. C’est son problème principal : ses actionnaires aimeraient que ça commence à rapporter, ce qui n’est pas encore le cas. M’étonnerait donc qu’ils aient envie de se transformer en âme charitable pour quelque cause que ce soit. Cinquante millions de perte ! Je sais que mon voisin a des affaires qui fonctionnent mieux que cela. Dès lors, que ces 23.990 militants forcenés de la lutte anti-sida en pantoufle, qui croient qu’il suffit d’adhérer à un groupe sur facebook pour s’acquitter de sa bonne action, le comprennent définitivement : s’ils veulent donner un euro pour la recherche anti-sida, qu’ils le fassent ! Et qu’ils n’aillent pas demander à d’autres – facebook ou mon voisin – de faire ce qu’ils ne font pas eux-mêmes.