On s’accorde généralement sur le fait qu’il y a six émotions de base. La joie, la surprise, la peur, la colère, le dégout, la tristesse. Qu’est-ce qui distingue ces six émotions ? Le fait qu’elles sont tellement fortes qu’elles se lisent sur le visage, et ce quelle que soit l’origine culturelle ou géographique de la personne.
Que provoque chez moi cet attentat, un de plus, à Manchester ? De la colère, du dégout, de la tristesse. Et je l’exprime. Avec ce petit texte qui n’a aucune prétention, si ce n’est partager mon émotion.
Loin de moi, Véronique, Charly et les autres, la prétention de défendre sur Facebook une thèse qui tenterait de dresser le profil psychologique des auteurs d’attentat. Je ne parle d’ailleurs pas du tout des gens qui sont derrière eux et qui, sans doute, ne sont pas si cons que ça. Mais tous, instigateurs et auteurs, restent à mes yeux de fieffés salauds.
Mon émotion s’adresse aux victimes et à leurs proches. A leurs vies définitivement bouleversées. Mon dégout s’exprime face à l’horreur qui a brutalement pénétré leurs tripes et qui tenaillera à jamais les nuits des survivants. Et donc oui, je trouve cela dégueulasse. Et je n’ai strictement aucune envie de plonger dans une quelconque compassion à l’égard des auteurs de cette crapulerie, Benoit.
Ces salauds-là n’avaient pas le droit de commettre un tel acte. Il n’y a donc pas d’autre mot : ce sont des salauds.
Il y a deux temps : celui de l’émotion et celui de l’analyse. Si le second doit se sevrer du premier pour faire son office, il ne doit toutefois pas l’interdire.
Mon texte, je le rappelle, se revendique totalement du premier temps. Marie, tu as fameusement raison : ce n’est pas sur Facebook que le procès du terrorisme doit se faire. C’est devant les tribunaux. Ce rôle revient aux juges, aux procureurs, aux avocats, aux politiques, aux journalistes, aux enquêteurs. Sous l’observation attentive des citoyens. Dont je suis.
Bien sûr, Didier, je sais que ce que l’Occident a fait en Irak, en Libye et ailleurs, ne fut pas sans reproche, loin de là. Bien sûr je sais qu’à allumer le feu chez ses voisins on prend le risque d’encaisser le ressac de l’incendie. Bien sûr.
Mais le temps de l’émotion doit exister. Et ces jeunes, ces enfants, ces parents, ces amis de Manchester avaient totalement le droit de vivre. Personne n’avait le droit de le leur ravir. Et personne n’a le droit de censurer les émotions tellement légitimes qui marquent le moment du deuil. Même sous couvert d’arguments, de schémas, de chiffres, de faits historiques. Pourquoi ajouter l’horreur à l’horreur ?
Ces morts de Manchester méritent des bougies et des pleurs. Pas de Oui-Mais !
Les émotions nous distinguent de la machine. Respectons-les. Dans ce qu’elles sont : plus fortes que la raison, au point qu’on ne peut les trahir. A force d’entendre les Oui-Mais de censeurs à la morale trop hâtive, on s’empêche d’enterrer dignement les victimes. Et on construit une société sans humanité.
Luttons contre le terrorisme. Tout terrorisme. Tout acteur de la terreur. Nos pleurs ne seront certes pas l’arme principale de ce combat. Mais ils restent légitimes.
Aujourd’hui, je suis en colère. Dégouté. Et je suis triste, infiniment triste.
un commentaire pour Oui mais
Bonjour Pierre; je suis assez d’accord avec ta première réaction. Cependant, il y a autre chose qui me révolte. Le nombre de réactions lorsque ces actes se passent “chez nous”, soit en Belgique, France, Angleterre ou autre pays ami, alors que les réactions sont inexistantes lorsque cela se passe “chez eux”. Désolé de le dire: il y a nettement plus de victimes en Afghanistan, en Syrie, en Irak etc…et celles-là ne troublent personne! Cela me révolte. Nous ne valons pas plus que ces braves paysans qui n’ont rien demandé et pourtant nos réactions à l’occidentale font penser le contraire!