Les révélations qui se succèdent sur les scandales pédophiles dans l’Eglise portent bien évidemment sur des actes commis par des personnes physiques. Une insoutenable horreur. Leurs auteurs n’ont pas à échapper à la justice du fait de leur soutane ou crucifix. S’il y avait une échelle dans l’abject, on aurait envie de dire “que du contraire”, au vu des voeux de charité que ces hommes ont émis. Mais on ne peut s’empêcher en même temps de relever que toutes ces personnes éminemment condamnables appartiennent à une même communauté, une même société. L’Eglise. Une personne morale qui ne l’est plus tellement, morale.
On entend donc çà et là des suggestions d’amélioration dans l’organisation de ladite personne morale. A commencer par la fin du célibat des prêtres. Certes, la contrainte de l’abstinence sexuelle me semble tout autant contraire aux droits de l’Homme que source de déséquilibre psychologique. Mais je ne suis pas sûr qu’un conjoint puisse, à lui seul, freiner une quelconque pulsion pédophile. Le prêtre pédophile est-il pédophile parce qu’il est prêtre ? Ou bien est-il prêtre parce qu’il est pédophile ?… Je ne sais pas. Mais la question à elle seule est interpellante. Et s’adresse à la personne morale plus qu’à la personne physique.
Dès lors, si je peux me permettre une suggestion de “pénitence” pour la personne morale, c’est qu’on lui interdise dorénavant de s’exprimer publiquement sur toute question qui touche à la sexualité. Que l’on empêche en effet toute publication, toute interview, tout discours en chaire de vérité. Vous représentez l’Eglise ? Eh bien no comment sur le sexe ! A l’index ! Taisez-vous, Léonard ! Vous n’avez plus voix au chapitre. Qu’y connaissez-vous d’ailleurs ?… Demanderait-on à un végétarien des conseils sur la cuisson du tournedos ?
Bien sûr, il ne faut pas s’attendre à ce que l’Eglise elle-même prenne cette initiative. Elle, elle se contenterait de trois Pater et de quelques je vous salue Marie. Mais il ne faut pas s’attendre non plus à ce qu’une quelconque juridiction internationale se prononce en la matière. Alors la Belgique fédérale. Au moins, elle servirait encore à quelque chose, celle-là. On attend d’elle qu’elle interdise aux imams tout discours de haine et de violence. Qu’elle balaye aussi devant sa porte. Et qu’elle intime à l’Eglise de se taire là où un certain nombre de ses représentants ont péché… Peut-être, à ce moment-là, sera-t-elle un peu plus morale.