Glanées dans Paris-Match ces quelques lignes à propos de Thierry Henry et sa faute de main : “Tous comme un seul homme crient haro sur le joueur ! Même ceux qui ne savent pas si le ballon est rond ou ovale glapissent à l’unisson. La star emblématique du beau jeu est devenue, en un éclair, ce pelé, ce galeux dont viendrait tout le mal.” A l’évidence, l’auteur de l’article, en accolant l’adjectif “pelé” à une star déchue du foot, ignore pas mal de choses de l’histoire du ballon rond.
Soit. Il est facile de critiquer Thierry Henri. Haro sur le baudet. Mais n’est-ce pas naturel, relevant d’un réflexe bêtement humain, que de ramener dans le jeu une balle qui en sort ? Fût-ce avec la main ? C’est un geste d’un quart de seconde, non prémédité. Ce qui est problématique, c’est que la faute n’a pas été vue. Haro donc sur la FIFA qui s’évertue à laisser les arbitres seuls face à leurs décisions. Sans recours de l’électronique, pourtant si aisé à ce niveau de compétition.
Je ne suis pas du tout un fanatique du foot. Le seul match que j’ai vu en live était au Real de Madrid. Le premier match de Zidane là-bas. Sur les 70.000 spectateurs, 68.000 étaient pour le Real. L’arbitre a refusé un but aux Madrilènes. Oh là là le pauvre. Tout le monde hurlait “Hijo de puta ! Hijo de puta !”, que je ne dois pas traduire ici, je crois. Et, emporté par le délire collectif, je criais avec ! Pauvre homme.
Plutôt que de s’en prendre aux actes involontaires d’un joueur dans le feu de l’action, condamnons la violence (Après son coup de boule, Zidane a été félicité par son entraîneur et par Chirac) et le racisme dans les stades. Condamnons aussi les journaux qui ne présentent les tournois de tennis qu’en termes de gains en dollars. Condamnons aussi ces parents qui, sur le bord de courts de province, rêvent de faire de leur gamin de 10 ans le nouveau MacEnroe. Condamnons définitivement ces médecins qui cherchent à améliorer leurs fins de mois en perfectionnant les produits dopants. Condamnons la FIFA pour son aveuglement prémédité. Et foutons la paix à Thierry Henri, qui a reconnu sa faute. Toute autre attitude à son égard relève désormais de ce qu’on appelle le harcèlement moral, l’arme du faible.