Scène de rue

Posté le 20 septembre 2008 dans Divers

Il y a une dizaine de jours en plein centre d’Uccle. Une voiture crisse des pneus, s’arrête à hauteur d’une personne. Des gens sortent en trombe de la voiture, empoignent le passant et le précipitent à l’intérieur. La voiture redémarre sur les chapeaux de roues. Top chrono, une vingtaine de secondes. Une femme est témoin de la scène. Ebranlée, elle communique immédiatement le numéro de plaque à la Police.

Dix minutes plus tard. Coup de sonnette chez moi. Je suis tout en haut. Je décroche. “Police d’Uccle. Peut-on vous parler ?” Je rigole, c’est sûrement mon voisin qui me fait une blague. Ma voix est enjouée :“Ah oui, Police d’Uccle, bien sûr, je vous ouvre.” En descendant, je regrette de n’avoir pas proposé un verre de vin via le parlophone. J’arrive au rez-de-chaussée. J’entends le son d’un talkie-walkie. Oh là là, il a fait fort. Mais je n’oublie pas que mon voisin est comédien, et qu’en outre il a le souci du détail. Bon, je ne mets évidemment pas longtemps à me rendre compte que ce n’est pas lui que j’ai en face de moi, mais deux vrais flics en uniforme, avec un vrai talkie-walkie. Ah. Que se passe-t-il ?

Mais la comédie continue, parce que voilà-t-il pas qu’ils me demandent si je connais mon voisin ! Mais bon, Didier, où tu te caches ? C’est ça ta réplique à toutes les blagues que je t’ai déjà faites ? Mais ils ont l’air sérieux. Graves même. Pire : inquiet. J’oublie de proposer un verre de vin. Et je réponds aux questions. Oui, je connais mes voisins. Oui, oui, je les connais très bien, on est amis. Oui, oui, ils sont sérieux. Oui, ils sont jeunes… enfin pas jeunes comme vous, messieurs les agents, mais jeunes comme moi, quoi, la cinquantaine… Ils n’esquissent qu’un timide sourire du haut de leurs même pas 40 ans. Mes deux poulets semblent, si je peux me permettre, marcher sur des oeufs. Le numéro de plaque de madame a été signalé pour un délit grave. Ah bon ? Ca n’est pas possible. A part sur scène, je n’imagine pas Nana en Calamity Jane ou Bonnie Parker. Il doit y avoir erreur. Mais mes deux agents sont déjà prêts à sortir leur flingue. Par précaution. “N’en faites rien !…” dis-je, tout en me disant que c’est la première fois de ma vie que je tente de dissuader quelqu’un d’utiliser un revolver pour accoster mes amis. Ils sonnent, mais sont manifestement prêts à enfoncer la porte si l’on ne répond pas. J’appelle alors sur le GSM de ma voisine, histoire d’éviter d’inutiles frais, vous pensez, une nouvelle porte et l’image dans le quartier…
Mais voilà que Calamlity Jane, l’ennemie publique numéro un, apparaît sur le pas de sa porte, étonnée de se retrouver face à cette gent policée. Des conciliabules s’entament, dont je m’éclipse. Je ne suis ni avocat ni reporter en mal de sensations fortes. Tout au plus, me dis-je, je lirai la DH le lendemain. Avant de refermer ma porte, j’entends toutefois l’un des fils arriver. Et éclater de rire.

Cinq minutes plus tard, je savais tout : le fils était avec des copains au volant de la voiture de maman. A Uccle, ils voient soudain un copain à eux sur le trottoir. Ils miment l’enlèvement, pneus qui crissent, chapeaux de roues, et rires d’avoir fait une bonne blague. Sauf que la bonne dame a tout vu. Et téléphone à la maréchaussée.
Finalement, tout le monde a joué son rôle :
– La bonne dame a réagi. Tant mieux.
– Les flics sont intervenus rapidement. Tant mieux également.
– Et les jeunes ont fait les cons. L’honneur est sauf.

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