La cathédrale de Tournai comporte cinq clochers et quatre sans cloches. Lu, on ne perçoit pas le même étonnement qu’entendu. Quatre cents cloches ?! s’exclame alors le non Tournaisien face à n’importe quel Tournaisien qui lui aura posé la question. Mais si ces Ch’tis-là sont tous fiers de leur ville, de leur cathédrale et de leur lapin aux prunes et aux raisins, ils se battent en ce moment entre deux clans : les pour et les contre. De quoi s’agit-il ?
D’un projet de construction d’une tour juste à côté de la cathédrale. Cette tour, qui abritera un hôtel de luxe, modifiera nettement le paysage de la cathédrale. C’est cela que contestent les opposants au projet, et ce que défendent justement, à l’inverse, ses partisans.
“La cathédrale de Tournai est composée d’une partie romane, plus ancienne, et d’une partie gothique, plus récente. Si à l’époque, les adversaires de la modernité s’étaient opposés à la partie gothique, la cathédrale aurait beaucoup moins d’attrait.” C’est l’argument essentiel des partisans, qui prennent comme exemple la pyramide du Louvre. Ca ne manque pas de pertinence.
Les opposants, eux, rétorquent qu’ils ne veulent pas tourner le dos à la modernité, mais qu’ils tiennent à préserver ce site séculaire quand même.
Si on consulte le Web et facebook, on trouve plus de sites, de groupes et de propos “contre” que d’arguments “pour”. Moi, sur ce plan, je l’avoue, je suis un peu couillon. J’ai des amis des deux côtés, et j’ai du mal à trancher. Je suis favorable à la modernité, mais en même temps, je ne suis pas très séduit par l’esthétique de la tour, terriblement phallique. Ce qui reste après tout le propre d’une tour. Je veux donc voir ! Plus précisément. Et c’est là que c’est intéressant. La guerre des images s’organise. Un site d’opposants propose une visualisation avec images de synthèse. Mais le procédé est un peu grossier : la tour apparaît en orange. Elle crève l’écran. Du coup, l’administration communale, promoteur du projet, présente d’autres photos, où la tour devient quasi diaphane et semble plus petite que sur les autres photos. Elle passe tellement inaperçue qu’on se demande pourquoi en faire tout un fromage.
Bon, je m’abstiendrai de tout choix en la matière. Les deux me conviennent, finalement. Le seul jugement que je me permettrai c’est de déplorer que les images ne soient pas plus fiables, ni d’un côté ni de l’autre. Elles devraient informer. Mais elles cherchent à influencer. Ca fait un peu époque Staline. Avant la création de la pyramide du Louvre, on prétendait qu’elle serait totalement transparente. On sait maintenant que c’est totalement faux. Vingt ans plus tard, les techniques ont fameusement évolué. Les images devraient davantage parler. C’est aussi cela la modernité.
un commentaire pour Sixième clocher : la guerre des images
c beau les pyramydes 🙂 http://www.chermou.org