SNCB : de l’Elysette aux Guillemins, la politique

Posté le 17 février 2010 dans Divers

Dans mon livre « Bossons plus ! … avec plaisir », sorti en 2005, j’égratignais les politiques quant à leurs choix à l’égard de la SNCB. Je relevais à ce sujet une anecdote significative.
A l’époque, l’entreprise du rail se battait contre ses déficits et surtout sa dette énorme, qui menaçaient sa survie. D’où un plan drastique, qui faisait hurler les syndicats mais aussi les voyageurs. Le fait que les infrastructures et les véhicules soient dans un état de décrépitude aujourd’hui est évidemment en lien avec les réductions importantes des dépenses qui avaient été décidées alors.

Voici donc ce que j’écrivais il y a cinq ans.

En même temps et en secret, les patrons internationaux de Thalys veulent régler définitivement le sort de la ligne Liège – Paris qui traverse toute la Wallonie. Cette ligne n’a jamais été rentable, avec seulement 45% de taux d’occupation. Elle ne sert à rien. Elle n’est que le résultat d’un compromis à la belge, compensation octroyée à la Wallonie face au refus des Flamands de voir passer le tracé de la ligne Paris – Bruxelles sur leur territoire. Elle n’est qu’un symbole. Il est plus facile, même pour un Namurois, d’aller à Paris en passant par Bruxelles, où il y a en moyenne un train qui part toutes les heures. Cette ligne wallonne pompe systématiquement dans la caisse de Thalys International. Ça ne peut plus durer. Mais un des négociateurs belges, de retour de Paris, vend la mèche à un journaliste. Tout le monde s’émeut à la lecture de l’article. Quoi ?! La capitale de la Wallonie ne serait plus reliée à la capitale de la France ? L’Elysette à l’Elysée ? Alors le Politique y va de sa verve ! Il faut sauver la ligne, coûte que coûte ! Quitte à aller chercher un peu d’argent (4 millions) à la SNCB qui n’en a plus. Quitte à rendre davantage encore indispensable le plan drastique du chemin de fer belge. Pour un symbole. Et non content de pomper davantage, on y va d’une campagne de pub, payée 730.000 euros par la Région wallonne. Allez à Paris, messieurs les Namurois, Carolos et Montois, allez-y bon sang ! Montrez que nous en avons besoin de ce symbole !
C’est où encore Namur ? qu’ils se demandent à Paris.

Depuis lors, la gare des Guillemins à Liège a été inaugurée. Une gare pharaonique à l’extérieur et lilliputienne à l’intérieur, qui aura coûté, hors infrastructures ferroviaires, 312 millions d’euro. J’ai toujours été mal à l’aise avec cette gare. Certes le furoncle purulent qu’elle remplace se devait de disparaître d’un paysage urbain digne de ce nom. Mais fallait-il que la SNCB investisse tant dans le prestige alors que son matériel est fatigué et son personnel harassé ? Ce sont des choix politiques. Liège voulait jouer son Bilbao avec une gare remplie de courants d’air. Et les trains qui s’y rendent continuent leur train chaotique de sénateur. Et toutes les lignes wallonnes, solidaires, souffrent en silence.

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