Un bus désintégré sous mes yeux !

Posté le 1 juillet 2010 dans Divers

On vit une époque formidable. Alors que les yeux du monde sont tournés vers l’Afrique du Sud et la méforme des équipes européennes, et que les regards de la Belgique sont scotchés sur ce qui se passe au Congo, un fait divers pas banal vient de se passer en plein Bruxelles et quasi sous mes yeux : un bus de la Stib a été désintégré !
Je vous explique.

J’attends à mon arrêt de bus préféré, fleuron de modernité avec ses panneaux électroniques qui annoncent les horaires en temps réel. Quatorze minutes pour le prochain 54. Une poignée de secondes, quoi. Une performance pour la Stib qui a habitué ses clients à des attentes interminables depuis belle lurette. Pas de problème donc. Il fait beau et chaud, et j’ai mon bouquin. « Tous ruinés dans dix ans ? » de Jacques Attali. Drôlement plus préoccupant bien sûr que les turpitudes anecdotiques de la Stib. Quatorze minutes pour attendre un bus, mais ce n’est rien du tout !…
Ce bouquin est inquiétant. La gabegie européenne fait craindre le pire. L’endettement de l’Occident est redoutable. Nos chômeurs continuent à acheter des produits manufacturés en Orient, mais jusque quand ? De temps en temps, je jette un coup d’œil sur le panneau. Treize minutes. Douze minutes. Pas de souci, j’ai le temps, la lenteur de la Stib ne m’atteint pas. Nos bus fonctionnent quand même mieux que les pousse-pousse de Pékin ou de Kinshasa.
Mais en tournant une page, je constate que le chiffre a changé. Quoi ?! 28 minutes ! Oui, oui, le temps d’attente en temps réel est passé de douze à vingt-huit. Comme ça, d’un seul coup. Drôle d’arithmétique.

De deux choses l’une : soit la direction de la Stib vient à l’instant d’adopter une courageuse politique de transparence. Conscients de leur responsabilité, ils se seraient dit que franchement non, ça ne sert plus à grand chose de se foutre de la gueule de leurs clients comme ça tous les jours, et que dès lors ils ont décidé de mettre les cartes sur table : non, ils ne sont absolument pas à la hauteur de leur tâche et oui ils sont prêts à le reconnaître auprès de tout le monde. Soit, aussi incroyable que cela puisse paraître, le bus que j’attendais a été désintégré à moins de douze minutes de chez moi.

Moi qui ne connais que trop bien la Stib, je sais que ma première hypothèse est totalement farfelue. Un brin de décence et d’orientation client de la part de cet organisme est aussi improbable qu’une reprise de la croissance européenne. Je pense du coup à la douleur des familles des disparus. Pensez donc à cette fin atroce et stupide. Un bête rayon laser d’extraterrestre mal orienté, et zou, plus de bus ! Envolé, wouf. On est bien peu de choses, allez. Et moi qui soupçonnais la Stib de mal gérer son système de communication !…

Demain, c’est sûr, j’achète la presse. Mais vont-ils en parler, eux qui ont envoyé tous leurs reporters à Kinshasa ? Rien n’est moins sûr. Bon. Je crois que j’aurai fini le bouquin d’Attali avant d’être un jour satisfait de mes transports en commun.

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